Ils s'appellent Michael Bublé, Peter Cincotti ou Jamie Cullum. Voix de velours, belle gueule et forte présence scénique, ces crooners new-look ne font pas toujours l'unanimité critique, mais ils ont véritablement donné un coup de jeune à une musique centenaire.
À bientôt 43 ans, il est difficile de continuer à le décrire comme un jeune prodige du jazz… Et pourtant, sur scène, Jamie Cullum a la même excitation adolescente qu'à ses débuts. Il a même gardé son visage poupon : cheveux en bataille et grosses baskets bleues de gamin de 12 ans aux pieds.
On a donc du mal à trouver là le père de famille qui avait joué devant Obama et la bonne société de Washington lors de la journée internationale du jazz de l’année 2012.
Comme beaucoup d’artistes anglophones de talent, Jamie Cullum a sorti l’année dernière, sans que j’en sois informé, auquel cas j’en aurais déjà parlé ; / un album de « Christmas Songs » : des chansons de noël, intitulé « The pianoman at Christmas ».
Plutôt que de reprendre une énième fois les sempiternels « Jingle bells » (« Vive le vent » en Français) ou encore le très classique « White Christmas » (« Noel Blanc »), celui-ci a vraiment le mérite de renouveler le genre.
« Turn on the lights » qui fût le premier single proposé au public fait partie d’un joli et très plaisant conglomérat de chansons originales aux tonalités hollywoodiennes, enregistrées avec un orchestre d’une quarantaine de musiciens, dans les fameux studios Abbey Road à Londres (le studio d’enregistrement historique des Beatles faut-il le préciser ?).
Tous les ans, on le sait, c'est incontournable et sans que les intéressés soient forcément dans une démarche spirituelle : il est bien question de Jésus à noël, n’est-ce pas ? Chacun, ou la maison de disque qui les produit y va de son album de Noël à grand renfort publicitaire parfois.
Une tradition très anglo-saxonne qui peine un peu à se développer en France mais pas au Canada chez nos cousins québécois et acadiens en particulier.
Ce n’est pas très étonnant puisque la culture américaine y est très marquée là-bas.
"The pianoman at Christmas" est donc le neuvième album studio de Jamie Cullum, sorti sur le label Island l'année dernière à la même époque : le 20 novembre 2020 très précisément.
Même si le chanteur britannique est un bibliophile assumé, relativement peu d'éléments ayant trait à la fête de la nativité sont évoqués dans les textes, hormis dans les traditionnels revisités.
C'est ainsi ! On peut le déplorer, et on pourrait croire alors que ce projet ne fut que purement commercial, destiné à alimenter comme chaque année à cette époque l'énorme catalogue de références d'albums de Noël qui va, il faut bien le dire, du médiocre, insipide et plat, aux surprenantes et belles découvertes comme avec cet album de Jamie Cullum.
Au fil du temps, cet adepte du beat box et du jazz a montré qu’il était aussi à l’aise avec les standards du jazz que la musique pop.
Le beatboxing consiste à faire de la musique en imitant des instruments uniquement avec sa bouche et aussi en chantant les percussions.
Cette pratique a son propre championnat du monde, qui se déroule tous les 3 ans à Berlin depuis 2005.
En tout cas, l'aptitude et le vrai talent de Jamie Callum à maîtriser les arrangements de swing et de jazz sont pour beaucoup dans la qualité de ce projet.
En se frottant à l’art des chansons de Noël et en s'emparant d’elles d'une façon plus créative, le pianiste chanteur s’est encore réinventé, en faisant le grand écart non nuisible entre le jazz et la balade pop.
Il faut dire que la grande majorité des 13 titres sont des inédits, avec dix nouvelles chansons écrites au piano contre seulement 3 reprises de traditionnels.
Jamie n’a pas cherché à reproduire ce qui fait une bonne chanson de noël mais plutôt d’y appliquer le fruit de ses recherches avec une bonne dose d’instinct.
Pour lui, noël : c’est un doux câlin. Musicalement cela voulait dire : s’amuser, trouver des jolies mélodies en y ajoutant des changements dans les accords.
Avec l’idée aussi et c’est un peu triste parce que l’on ne peut plus être l’enfant qu’on a été, de faire ressurgir les beaux souvenirs du passé mais aussi le souvenir des gens que l’on a perdu. Il y a un peu tout cela dans cet album.
Les musiques de noël existent depuis toujours : c’est une bonne tradition et un art à part entière quelque part, qui inclut presque tous les styles de musique.
Dylan, Stevie Wonder, Donnie Hathaway, Harry Connick Jr, Dolly Parton, et tant d’autres en ont écrit.
L’une des pépites de l’album de Cullum, le titre « It’s Christmas » est une création aux relents de music-hall qui va sûrement s’imposer dans les années à venir, comme un incontournable de Noël.
Parmi d'autres superbes morceaux, celui qui est intitulé : « The jolly fat man » est une allusion au gros bonhomme de neige ou encore « Christmas never get’s old », ce qui veut dire : Noël ne vieillira jamais !
Alors si pour Jamie Cullum comme pour une très grande majorité, noël ne rime plus qu’avec famille et amis, sapin, repas copieux et cadeaux, neige et chants traditionnels, cette fête devrait aussi nous rappeler une chose essentielle, qui fait suite à un évènement planétaire ayant marqué notre calendrier et le monde, ainsi que notre culture et notre histoire.
C’est la venue de Christ sur la terre parmi les hommes : cadeau suprême envoyé par Dieu à l’humanité.
Ce passage de l’évangile dans la bible illustre assez bien, me semble-t-il, le sens premier que devrait revêtir noël : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique afin que nous puissions vivre par lui. Afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. »
Une des chansons préférées de Jamie Cullum qu’il reprend dans son projet : c’est « In the bleak midwinter », écrite par Christina Rossetti, composée par Gustav Holst au 19° siècle et qui explique assez bien noël, me semble-t-il.
« Frost wind made moan : le vent glacial gémissait, la terre était dure comme fer, l'eau comme une pierre, la neige était tombée, la neige sur la neige, …in the bleak midwinter, long ago. Au cœur du morne hiver il y a bien longtemps ». En réalité, il n’y avait pas de neige à la naissance de Christ en Israël qui semble se dérouler plutôt au printemps, mais on ne va pas amputer le texte de la chanson : histoire de garder le folklore !
« Our God, heaven cannot hold him, nor earth sustain…Notre Dieu : le ciel ne peut pas le contenir, ni la terre le soutenir. Au cœur du morne hiver : in the bleak midwinter, une étable suffit.
Il se peut que les anges et les archanges se soient recueillis là-bas, chérubins et séraphins emplirent le ciel, mais sa mère seule, dans son bonheur de jeune fille, adora le bien-aimé avec un tendre baiser. »
Et le texte se termine ainsi : « Que puis-je lui donner, pauvre que je suis ? Si j'étais un berger, je voudrais apporter un agneau ; si j'étais un roi mage, je ferais ma part ; mais plus encore, ce que je puis lui donner : c’est mon cœur. ».
Je vous propose maintenant de vous caler au coin du feu et d’écouter cette nouvelle version couleur jazz d’« In the bleak midwinter » par Jamie Cullum.
Son album de noël magnifique, paru l’année dernière s’appelle : "The pianoman at Christmas". Et, fait très rare pour un album de noël et un album tout court, il n’y a absolument rien à jeter.
Voilà ! Je me dois de conclure cette chronique musicale, la dernière de l’année en vous souhaitant un très Joyeux noël !
Jamie Cullum - In the bleak midwinter
Liens :
Jamie Cullum - In the bleak midwinter
https://youtu.be/_ELQ0ZoUkFM
Jamie Cullum - It’s Christmas
https://youtu.be/l8j6CVf1wG4
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