Demain, il y aura 3 ans, disparaissait une des très belles voix américaines.
De laquelle s’agit-il ?
Un indice : c’est une voix gospel
Second indice : Sister Act 2
Dernier indice : un des morceaux qui figure sur la bande son de ce film s’appelle « Oh happy day ».
En réalité, si peu de personnes sont capables de citer le nom d’une chorale gospel et encore moins l’auteur de cette chanson, la plupart des français pensent immédiatement à la chanson « Oh happy day » lorsqu’on leur parle de gospel.
En hommage à l’un des fondateurs du gospel moderne, retour sur l’histoire de ce morceau emblématique et de celui qui l’a longtemps porté : Edwin Hawkins.
Il est décédé, il y a pile 3 ans, le 15 janvier 2018 à l’âge de 74 ans.
Le chanteur était surtout connu pour ce succès « Oh happy Day » interprété avec son groupe « The Edwin Hawkins Singers ».
Ce qui lui avait valu de décrocher le Grammy Award de la « Meilleure Prestation Gospel et Soul » en 1970 avec une chanson qui fût reprise dans plusieurs films comme « Sister act 2 », je l’ai dit, où figurait l’actrice phare de l’époque ; j’ai nommé Whoopi Goldberg.
Les Grammy awards sont des récompenses de l’industrie du disque dans la musique chrétienne contemporaine très présente aux Etats-Unis, l’équivalent en France, des Angels awards ou les victoires de la musique.
Mais alors qu’« Oh Happy Day » reste encore un tube contemporain, ses fondements remontent à quelques siècles en arrière.
Si la chanson est largement rendue célèbre avec un film culte, le succès mondial de la chanson n’a pas attendu d’être cinématographique…
L’histoire de cette chanson incontournable du répertoire gospel démarre au 18ème siècle avec la création d’un hymne par le théologien anglais Philipp Doddridge, un cantique sur le thème de l’amour et de la fraternité inspiré du livre des Actes des apôtres.
Il sera arrangé une première fois par le musicien Edward Rimbault, un autre anglais, qui y rajoute un chœur.
Sa version sera enregistrée en 1913 par le groupe « The Trinity Choir » sous le label Victor.
Très apprécié, le chant et alors fréquemment utilisé pour des cérémonies religieuses comme les baptêmes ou les professions de foi, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
C’est toujours le cas et la tendance a même gagné l’hexagone depuis plusieurs années mais plutôt pour les mariages puisqu’il est presque systématiquement demandé encore aujourd’hui dans ce genre d’événement avec cette couleur musicale.
La version Gospel devenue célèbre est née de l’arrangement d’Edwin Hawkins, alors qu’il était un jeune chef de chœur d’une chorale gospel d’Oakland en Californie, the Northern California State Youth Choir, composée, à l’époque, de 46 chanteurs entre 17 et 25 ans.
Cette version d’Edwin Hawkins ne conserve alors que le désormais fameux refrain « Oh Happy Day, Oh Happy Day, when Jesus washed my sins away! », tandis que les versets originaux disparaissent.
Utilisé pour la promotion locale de la chorale, le chant est repris par un DJ d’une radio de San Francisco qui parvient jusqu’aux oreilles du label Buddah Records.
Une aubaine pour cette chorale rebaptisée « The Edwin Hawkins Singers », qui va enregistrer la chanson en 45 tours avec la voix soliste de Dorothy Morisson.
« Oh Happy Day » fait alors le tour de la planète en 1969 en atteignant la quatrième place des charts aux Etats-Unis, un évènement pour un chant gospel et se hissant en première place en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.
Repris ensuite par les groupes légendaires du gospel comme The Golden Gate Quartet, The Brooklyn Tabernacle Choir ou The Sisters of Glory, le chant devient la référence mondiale de la musique gospel, ex-aequo peut-être avec « Amazing Grace ». Je vous reparlerai de ce cantique une autre fois : c’est aussi très intéressant !
« Oh Happy Day » est emprunté alors par de grandes icônes comme Joan Baez à Woodstock en 1969, Glen Campbell en 1970, Aretha Franklin, Ray Charles ou Elvis Presley mais aussi par l’italienne Laura Pausini, notre Florent Pagny national ou encore par Carole Fredericks et Nicoletta.
En France, ce véritable « tube » rencontre un engouement particulier en même temps que la musique gospel dans les années 80 avec les tournées européennes de groupes comme le Golden Gate Quartet.
Petite anecdote : je ne sais pas si vous vous souvenez mais en 1972, sur la scène du RAI Amsterdam, les Edwin Hawkins Singers ont chanté devant 5 000 personnes « Oh Happy Day » accompagnés d'un groupe d'enfants français ; les Poppys.
Avant « Oh Happy Day », Aretha Franklin, Sam Cooke ou les Staple Singers avaient déjà sorti le gospel de l’église, mais aucune chanson destinée au marché entre guillemets religieux n’avait connu ce destin.
Le leader du groupe, Edwin Hawkins, avait grandi dans une famille chrétienne, tout en écoutant du rhythm’n’blues et de la country.
« Je crois que notre musique était un mélange et un croisement de tout ce que j’entendais à l’époque », expliquait-il en 2015.
Après le succès de « Oh Happy Day », Edwin Hawkins qui était aussi un excellent pianiste a sorti des dizaines d’albums, reçu quatre récompenses Grammy Awards, et décroché encore quelques succès dont un en 1970, en accompagnant sur la chanson « Lay Down » la chanteuse américaine d’inspiration folk Mélanie dans la droite lignée d’une Judy Collins ou Joni Mitchell par exemple.
Cette Mélanie-là qui est toujours un peu en activité est une artiste très prolifique qui a sorti un album par an tout de même pendant plusieurs décennies en restant complétement inconnue en France alors qu’elle a pourtant écoulé plus de 80 millions d’unités.
J’en ai presque fini avec cet hommage à Edwin Hawkins.
La version que je trouve la plus belle dans son interprétation est celle de l’intéressé : Edwin Hawkins accompagné de sa sœur Lynette lors d’une soirée live présentée par Paul Simon en 1987, un concert mémorable intitulé « The all stars gospel session » qui n’a malheureusement pas bénéficié d’un enregistrement de disque.
Je me souviens encore très bien être tombé par hasard sur ce programme lors d’une retransmission nocturne à la télé un samedi soir d’hiver.
Traduction :
Oh quel jour heureux ! Oh quel jour heureux !
Quand Jésus a lavé, oh quand il a lavé, lavé tous mes péchés ou quand Il a emporté toutes mes fautes au loin.
Oh quel jour heureux ! Oh quel jour heureux !
Il m'a appris à avancer, me battre, prier
Et vivre dans la joie tous les jours
Je rappelle que vous pouvez retrouver cette chronique avec pas mal de liens permettant de découvrir différentes versions d’« Oh happy day » sur notre site www.radoomega.fr dans la rubrique des chroniques de disque Denis.
Liens:
The Edwin Hawkins Singers « Oh happy day »
https://www.youtube.com/watch?v=BNYaivW9Zwk
Paul Simon - The all stars gospel session 1987
https://www.youtube.com/watch?v=tIT2nWMidzg
Sister Act 2 « Oh happy day »
https://www.youtube.com/watch?v=6zT8AyfsFmA
Nicoletta (live) « Oh Happy Day »
https://www.youtube.com/watch?v=mxVgsPXu8g8
Lay down Melanie & The Edwin Hawkins Singers LIVE '70
https://www.youtube.com/watch?v=IZ52lk9wjZI
Chaque semaine, Denis explore la biographie d’un artiste ou l’histoire d’une chanson emblématique. À travers des anecdotes peu connues et des détails intéressants, découvrez des aspects surprenants de la vie des musiciens et de leurs œuvres musicales. Plongez dans l’univers des chansons célèbres, enrichissez vos connaissances musicales et redécouvrez vos artistes préférés sous un nouveau jour.