Vous avez sans doute déjà vu ou entendu parler du langage des signes, à la télé sur la chaîne public sénat notamment ou de manière plus confidentielle dans une réunion.
Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c'est qu'il existe une transcription musicale en langue des signes.
Voici plusieurs mois j'ai abordé le sujet du chansigne ou langage des signes dans la musique et le chant.
À l'occasion d'une chronique présentant le groupe gospel Solideo qui a intégré ce paramètre dans ses concerts, j'avais évoqué en quelques lignes cette discipline où méthode qui se développe de plus en plus lors d'événements culturels, favorisés en cela par la loi du handicap de février 2005.
Celle-ci avait apporté une reconnaissance officielle de la langue des signes française comme une langue à part entière. Depuis cet acte fondateur, les sourds français connaissent une meilleure accessibilité aux services publics et sociaux, aux médias et à la culture.
A cette époque, j'étais absolument ignorant de cette activité qui présente tellement d'intérêt et d'avancées pour les personnes sourdes et malentendantes.
Piqué alors par la curiosité, j'ai procédé à quelques recherches sur ce sujet et, bien aidé par un article dense, précis et riche de la revue Omagazine, il ne m'a pas fallu beaucoup plus de raisons pour présenter cette affaire dans une chronique.
« Bien qu’on n’ait pas identifié tous les véritables créateurs, la langue des signes a toujours existé depuis la naissance de l’humanité. En revanche, cette pratique gestuelle n’est pas universelle puisque chaque pays possède sa propre langue : une interprétation, une grammaire et un vocabulaire. D’ailleurs, elle est reconnue comme une langue à part entière par la loi et dans la constitution dans certaines nations.
Par exemple, aux États-Unis, on pratique l’American Sign Language, l’ASL. Au Brésil, on utilise la Língua de Sinais Brasileira ou LBS et la Deutsche Gebärdensprache en Allemagne.
Chez nous, la langue des signes française ou LSF, est mise en valeur en 1771 par le grand travail de l’abbé de l’Épée, précurseur de l’enseignement de la langue gestuelle.
Comme dans l’expression vocale, la communication gestuelle est propre à un pays ou à une communauté vis-à-vis de son histoire ou même de sa conception linguistique. »
Voici encore quelques éléments d'information supplémentaires que j'ai gardé pour nous aujourd'hui dans un aspect plus technique.
Je cite encore Omagazine:
« Ce travail d’interprétation, de traduction est aussi un processus de création lorsque le corps se met en mouvement, expressif mais silencieux, pour chanter !
Le chansigne est donc l’art d’interpréter ou de traduire la musique avec des gestes corporels. Cette forme d’expression permet de faire ressentir le rythme et les vibrations d’une chanson auprès des personnes sourdes ou malentendantes. Suivant la tonalité et le style de jeu d’une chanson, l’interprète des signes doit non seulement mettre en valeur la dimension sonore, mais aussi celle visuelle.
Le chansigne s’apparente à une danse. Pour ressentir l’ambiance musicale, l’initiative chorégraphique va être prise en compte.
Traduire en signes c’est bien, mais le transcrire par une sensibilité musicale devant les spectateurs, c’est mieux. Effectivement, le chansigneur construit son travail scénique par l’émotion gestuelle du visage et du corps en fonction du texte proposé et de la fréquence, aiguë ou grave, du morceau.
Que l'on soit sourd ou entendant, tout le monde peut pratiquer cette forme d’expression en respectant l’identité de cette langue culturelle. »
Pour conclure et en fin de compte, il apparaît que chanter en langue des signes se traduit par une syntaxe gestuelle qui peut interpréter un rythme et les paroles d’une chanson.
Dans la musique, il n’est donc pas obligatoire d’avoir une voix. Les mains et le corps sont de très bons outils musicaux.
D’ailleurs, on peut prendre l’exemple du rappeur français d'origine camerounaise Ichon qui a sorti récemment en 2020 son clip poétique « Litanie » en langage des signes.
Lors d’un concert d’Eminem en 2018, une interprète hors du commun a fait le buzz aux Etats-Unis. Cette jeune femme dont le métier est de traduire des paroles en langues des signes s'est spécialisée dans la traduction de chansons de rap, caractérisées par un débit de parole très élevé.
Ils sont ainsi de plus en plus nombreux ces interprètes du chansigne venant de la culture sourde à s’investir dans cet exercice.
Découverte d’un vaste territoire musical mis en lumière par les signes.
Liens :
https://omagazine.fr/le-chansigne-ou-la-musique-en-langue-de-signes/
Chaque semaine, Denis explore la biographie d’un artiste ou l’histoire d’une chanson emblématique. À travers des anecdotes peu connues et des détails intéressants, découvrez des aspects surprenants de la vie des musiciens et de leurs œuvres musicales. Plongez dans l’univers des chansons célèbres, enrichissez vos connaissances musicales et redécouvrez vos artistes préférés sous un nouveau jour.