Critique de disque Vianney - Dabadi + Album "N’attendons pas"
Parmi quelques chroniques musicales inexploitées et placées au fond d’un tiroir, celle qui suit me donne l’occasion de présenter un album sorti en 2020 dans le registre nouvelle chanson française. Il n’est jamais trop tard pour bien faire !
Après les passages de moults variants tartempions belliqueux, et à l’aulne d’une reprise durable de spectacles et de concerts, Vianney Bureau dit Vianney était reparti à la rencontre de son public dont il était privé depuis plus de 2 ans pour cause de crise sanitaire.
Avec la tournée "N'attendons pas", achevée à la fin de l’année dernière, Vianney a annoncé sur les réseaux sociaux qu'il souhaite faire une pause de quelques années sans concerts mais aussi qu’il continuera d’écrire de nouvelles chansons.
Si le chanteur ébouriffé reste un des chouchous du public, l'intérêt qu'il suscite avec ses récentes participations télévisuelles, son dernier album ne se dément pas.
Pour cette chronique consacrée au jeune chanteur, il était prévu initialement un portrait évoquant une tranche importante de son parcours. Mais au regard de l’actualité, il y a un intérêt certain à revenir sur ce troisième album studio de Néné le charcutier, surnom pour le moins ridicule que lui donnaient ses parents.
Sorti très précisément le 30 octobre 2020, et comme pour le précédent en grande partie, Vianney qui tient, inconsciemment ou pas, à s’affranchir des modes / en est l'auteur-compositeur intégral, jouant des guitares acoustiques, électriques, ainsi que la plupart des pianos et claviers.
« Pour ce 3° opus, j’ai travaillé vraiment seul, » dit-il « cela me prend du temps mais c'est mon bonheur de chercher le bon micro, le bon son, d'apprendre à écrire les parties de cordes. »
Sur la couverture de la pochette du cd ou en plus grand format avec le vinyle, il est suspendu dans les airs, volant tel un acrobate au-dessus de l'eau, avec pour seul accessoire sa guitare acoustique.
Alors qu’il y a chez lui une manière assez constante de travailler pour écrire les chansons, initiés déjà dans les précédents disques, Vianney avait dévoilé qu'il s'inspire parfois de ses promenades et ses rencontres à pied, en taxi, bus ou vélo.
Des tranches de vie, des histoires, des situations vécues ou entendues qui sont autant d'occasions d'alimenter son répertoire. « Je profite alors de ces moments-là », dit-il, « pour m'isoler et noter sur mon téléphone portable les émotions, remous et tempêtes intérieures : les miennes et celles des autres. »
Sur le rôle des artistes, dans cette période si troublée lié au covid 19, et alors qu’il a le sentiment d’être un privilégié depuis déjà quelques années, il dit vouloir proposer de vraiment s’évader, pour le coup. « Il fallait du courage pour sortir un album dans ces conditions mais on y est allé, comme au cinéma » fait-il remarquer.
Et même s’il dit qu’il l’a réalisé comme si c’était le dernier, il ne semble pas prêt de s’arrêter en si bon chemin.
En tout cas, si je m’appuie sur ses diverses déclarations, sur l’impression qu’il dégage, fort est de constater que le succès n’est pas sa raison d’être.
Ce qu’on peut dire aussi sans trop se tromper, c’est que Vianney a fait de son dernier opus une œuvre personnelle, intime et sincère.
Dans plusieurs morceaux, on a l’impression de vivre un moment avec lui.
Comme dans la chanson « Beau-Papa » qui parle avec justesse de l’adoption, // avec un très joli clip, touchant d’honnêteté, tout en subtilité.
En s’adressant à sa fille d’adoption, il égrène ces mots d’une infinie tendresse :
« Non je ne volerai jamais la place du premier qui t’a dit « je t’aime »
Sur ton visage on voit son visage et c’est ainsi que tu es belle.
De vous à moi, c’est moi j’avoue qui me suis invité dans sa vie là, où elle n’a rien demandé.
Et si l'averse nous touche, toi et moi, prends ma main de beau-papa !
Pour être un peu plus complet sur le profil artistique du personnage que certains considèrent comme le nouveau Goldman de la chanson française, on peut noter qu’il lui arrive d’écrire et composer régulièrement pour d’autres : un album entier pour la jeune Erza Muqoli, et puis une chanson par ci par là, notamment pour les Frangines, Kendji Girac, BlackM, Mentissa et quelques autres encore.
Avec 11 titres, l’album de Vianney qui a dépassé le statut éphémère de nouveauté s’appelle : « N’attendons pas ».
C’est une de ces bonnes choses utiles à posséder dans ces temps de crises répétées que je qualifierai d’essentiel.
Pour continuer de cerner les diverses facettes de l'artiste, il me semble intéressant d’aborder sa relation à Dieu, à la foi. Cela fait partie intégrante du personnage. C'est donc à prendre en compte !
Vianney est croyant et il ne s'en est jamais caché. Il le revendique même. Dans une interview accordée à Télématin sur France 2 en juillet 2021, l'artiste expliquait même pourquoi ça l'aide à gérer certaines épreuves et oriente sa relation aux autres.
Dans une autre interview exclusive donnée à TF1 pour l'émission Sept à Huit, Vianney avait raconté qu’il croise régulièrement d'autres célébrités à l'église : « J’en vois deux ou trois mais qui se cachent. Je ne leur en veux pas, mais j’ai toujours pensé qu’il fallait assumer qui on était » dit-il. « Bien sûr, on m’a posé des questions quand j’ai évoqué mes croyances, mais franchement je n’en ai jamais souffert. Les gens ont toujours été compréhensifs. »
Il aurait été intéressant aussi de revenir sur la participation du chanteur dans "The Voice", le télé crochet le plus connu du paysage audiovisuel français ainsi que dans l’émission de divertissement "Rendez-vous en terre inconnue", mais le temps manque pour aller plus loin aujourd’hui.
Juste dire, que concernant cette belle expérience humaine vécue dans un voyage immersion en Ethiopie, Vianney a produit la très jolie chanson et single « Dabali ».
Si Vianney est devenu l'un des chanteurs préférés des français, le jeune trentenaire, aimé des 7 à 77 ans, garde pourtant les pieds sur terre. Comme il l'a expliqué dans une interview accordée à Télématin et diffusée sur France 2, « Je pense que la foi nous permet de moins nous abîmer. Ce qui nous abîme c'est quand on commence à croire qu'on est le centre du monde ». Pour Vianney, son espérance au Dieu de l’évangile l’aide à replacer certaines choses : « Je pense que la foi, ça nous rappelle qu'on est réellement qu'une poussière. Moi, je suis une poussière super heureuse. »
Peut-être que le crédo du chanteur en tant que citoyen du monde pourrait se résumer à cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry que l’on peut lire dans la célèbre fable '’Le Petit Prince'’ : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ».
Citation qui est intégrée en partie dans une des chansons de ce troisième album qui nous intéresse aujourd’hui, qui est une ode aux personnes oubliées, qu’on laisse de côté ou qu’on ne remarque pas, mais qui cachent de nombreux trésors.
« Les gens qu’on ne voyait pas sont des trésors oubliés, sont des livres jamais lus. Moi j’ai vu au fond de toi un vieux roman qui m’a plu. »
Texte sublime et très poignant lorsque l’on comprend la genèse de cette chanson assez bien illustrée d’ailleurs dans le clip // qui parle d’un SDF parisien côtoyé trop rapidement par Vianney. Cette histoire et le décès de cet homme d’une seule rencontre vont inspirer les mots de cette magnifique chanson.
Liens :
Vianney - N'attendons pas
https://youtu.be/8nUd4IId9l0
Vianney - Merci pour ça
https://youtu.be/I5wcp8mlr70
Vianney - Beau-papa
https://youtu.be/8yOuNrT0dOw
Vianney - Dabali
https://youtu.be/TYWCGfofggg
Vianney la rencontre - Rendez-vous en terre inconnue
https://youtu.be/aC7aluWEO98
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