Dans les années 70, la musique chrétienne contemporaine, (Contempory Christian Music) bourdonnait et se frayait une place honorable dans le paysage musical. C'est ce qui a aidé les adolescents de l'époque comme moi à s'intéresser à l'église et à sa musique. Des gens et des groupes comme Larry Norman, Petra, Keith Green, Pâturages, Amy Grant et bien d'autres ont été parmi les pionniers et les porteurs du flambeau du genre. Dans cette bonne effervescence, un musicien hors pair s’est forgé au fil du temps un style personnel tout à fait original. Focus aujourd’hui sur la carrière et le parcours de Phil Keaggy et aujourd’hui on peut le dire : un vétéran qui, à 71 ans, recèle encore de belles ressources artistiques.
A mon sens, il mérite bien plus que cette 25ième place attribué par le magazine américain Rolling Stone dans le classement des meilleurs guitaristes au monde. Mais je suis persuadé que Phil Keaggy se moque complètement de tout cela. Et effectivement, ce n’est pas du tout important. L’essentiel est ailleurs : dans l’émotion et la vitalité qu’il dégage avec sa musique, alors qu’il reste une personne simple et attachante, un authentique musicien alliant virtuosité et simplicité, puissance et légèreté.
Phil Keaggy est peut-être le musicien le plus grandement respecté, tant dans la musique chrétienne contemporaine que dans le milieu séculier. Il est probablement un des plus prolifiques artistes avec une soixantaine d'albums à son actif dont 24 instrumentaux, pour une carrière musicale qui a débuté en 1966, sans compter ses multiples collaborations avec divers artistes. Jusqu’à assez récemment, par exemple, avec le bassiste de Peter Gabriel : Tony Levin et Jerry Marotta, le batteur de Costello et Mc Cartney pour l’album instrumental « Bucket list » paru en 2019.
Phil est reconnu comme l'un des très bons guitaristes de cette planète, malgré sa petite taille et alors qu’il lui manque les deux phalanges à l'extrémité du majeur de la main droite, suite à un accident à l'âge de quatre ans dans une manipulation malheureuse de la vieille pompe à eau de la ferme familiale.
Phil Keaggy est né et a grandi au sein d'une grande famille catholique.
Neuvième de dix enfants et tout jeune, il écoutait Elvis Presley.
Dans une maison où la musique ne s'arrêtait jamais, son père, pour son dixième anniversaire, lui a offert une guitare Sears Silvertone. C'est ainsi que tout a commencé pour le futur virtuose.
Par la suite, il a cherché à progresser avec son instrument. C’est ainsi qu’à douze ans, il s’est produit devant son école primaire. En huitième année, l’équivalent de notre 4° au collège, c’est-à-dire vraiment très jeune, il devient professionnel avec un groupe appelé The Squires avec qui il enregistre deux 45 trs. C’est dans cette période que son engouement pour les Beatles débute, ce qui se ressentira souvent dans sa manière de chanter et de composer et ce qui fera dire à certains qu’il aurait pu être le 5° Beatles. Pour l’anecdote, Keaggy et McCartney ont eu l’occasion de jouer ensemble en 1991 de manière informelle lors d’un mariage commun.
Dès la fin du lycée, en 1970, Phil fonde le groupe Glass Harp avec son ami d’enfance John Sferra à la batterie et Dan Pecchio à la basse avec qui est enregistré leur premier album éponyme.
Cette formation très prometteuse qui acquiert une envergure nationale réalise plusieurs tournées à travers les USA et hérite d’une popularité considérable dans son Ohio natal, en faisant les premières parties des concerts des Kinks, d’Iron Butterfly, Yes, Traffic et Chicago, ainsi qu’en se produisant au prestigieux Carnegie Hall de New York.
A la fin des années 60, Phil Keaggy était déjà une vedette de rock, avec tout ce qui en résulte : célébrité, filles et addictions - sex drogues & R’nRoll.
« La 18e année de ma vie a été très sombre », explique Keaggy. « J'étais déjà dans la drogue. En 1969, j'expérimentais le LSD. J'avais fait quelques trips et c'était terrible. Je pensais que cela pourrait améliorer ma capacité créative en musique, mais ce n'était pas le cas. Une fois, j'ai entendu une cassette de moi jouant quand j'étais camé, et c'était affreux ».
Le 14 Février 1970, alors qu'il se défonçait au LSD dans la salle d'un hôtel, ses parents furent impliqués dans un accident de la route. Son père meurt sur le coup et sa mère peu de temps après à l'hôpital.
Cet évènement tragique va marquer profondément le guitariste et amener un changement radical.
A la suite d’intenses discussions avec ses sœurs qui étaient chrétiennes, il entend parler de la consolation, de la paix et la tranquillité qu’il peut trouver en Jésus-Christ. C’est ainsi qu’il se tourne vers Lui et devient à son tour un chrétien né de nouveau.
L’expression "né de nouveau", "born again" en anglais, signifie littéralement "né d’en haut". Selon la bible et la foi chrétienne, tout homme ou femme a besoin d’un changement intérieur, d’une transformation spirituelle. La nouvelle naissance, le fait d’être "né de nouveau" est un acte de Dieu par lequel sa présence bienveillante est accordée à la personne qui croit et englobe le fait de devenir enfants de Dieu par la foi dans le nom de Jésus-Christ.
En vivant cette expérience spirituelle forte en 1970, Phil Keaggy commence à parler de sa nouvelle foi aux fans de Glass Harp qui ne comprennent pas vraiment de quoi il parle. L’année suivante, Keaggy quitte le groupe et enregistre son premier album solo, « What a day ». Depuis lors, il n’a jamais cessé d’enregistrer, d’écrire et composer chansons et musique récoltant plusieurs récompenses dans l’industrie du disque pour son travail.
Quel est le genre de musique joué par Phil Keaggy ?
Phil est reconnu pour sa passion d'explorateur à la guitare qui est parvenu à maîtriser son art. C'est un des guitaristes à qui l’on demande souvent de jouer sur un album studio. Performant tant à l'électrique qu'à l'acoustique, il donne aussi bien dans le rock que la balade celtique, en passant par le jazz et le garage rock, le classique, les orchestrations et même le style espagnol avec par exemple, l’album " Light of Madrid ". D'un album à l'autre, on ne sait jamais à quoi s'attendre avec lui, mais la qualité et l’innovation est toujours au rdv.
Keaggy a souvent été répertorié comme l'un des meilleurs guitaristes au monde de "finger-style" et "finger-picking".
Il excelle particulièrement dans l’utilisation des pédales loop qui permette d’enregistrer des séquences musicales en boucle. Cette technique qu’il maîtrise à merveille lui permet d’enrichir sa palette sonore lorsqu’il se produit souvent seul sur scène. Notamment en produisant des effets de percussions qui permettent de rythmer son jeu de guitare.
Il est également un spécialiste depuis très longtemps de l' Ebow, un autre gadget et appareil pour guitare électrique qui, lorsqu'il est bien utilisé, peut simuler le son des cordes, des cors et des bois d'orchestre en produisant un sustain infini.
Et puis accessoirement, Phil a cette facilité à chanter à l’unisson sur la mélodie qu’il joue à la guitare, une technique proche du scat dans le jazz ou les syllabes sont remplacées par les notes vocales juxtaposées à celle de son instrument.
Enfin si vous aimez les longs solos de guitare, avec le lien que je mettrai dans le podcast, écoutez celui du magnifique morceau instrumental « March of the clouds » ou celui de presque 7mn sur le titre « Time » qui figure sur le double album live « How the west was one » avec les groupes David et 2nd Chapter of Acts, qu’il accompagnait en 1977, lors d’une tournée magistrale de 18 concerts dans tout l'ouest des États-Unis.
Avant d’écouter un titre de Phil Keaggy et pour conclure, je vous laisse un extrait d’interview, évocation de son parcours et de sa vie, où il disait ceci : « Très sincèrement, je suis un homme moyen, qui a des sentiments moyens chaque jour. J’aime Dieu et pourrais l’aimer encore davantage.
Je veux vivre en paix et rendre les gens heureux avec l’art que j’essaie de créer et dans lequel je baigne. Je veux également apporter l’espoir que j’ai trouvé. Cela est peut-être comme le pouvoir d’une fleur, car vous ne pouvez pas plaire à tout le monde, mais vous avez besoin de trouver comment vivre en paix. Parce que si les gens regardent de près ce que j’ai vécu, ils pourront voir que je suis un homme ordinaire qui aime Dieu, la vie, la famille et la musique »
Liens :
Phil Keaggy - Tender love
https://youtu.be/BdxvLQ_LNBE
Phil Keaggy - What a day
https://youtu.be/8xJZU8CHuig
Phil Keaggy - March of the clouds
https://youtu.be/_mYdIKl27vs
Phil Keaggy - Time
https://youtu.be/cav9aawrdd4
https://youtu.be/Jc72XLx6kvU
Phil Keaggy - Light of Madrid
https://youtu.be/HIU2LyL8mBU
Phil Keaggy - Shades of green (pedal loop)
https://youtu.be/3wpn6LVxX0s
Oui Phil Keaggy a fait sienne cette parole du Psaume 33 dans une version de la Bible en langue contemporaine qui nous dit : « Utilisez des guitares pour renforcer vos alléluias ! »
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